vendredi 29 février 2008

Ahmad al ArabiOpéra poétique écrit par Mahmoud DarwichComposé et dirigé par Marcel KhaliféVocals : Marcel Khalifé and Oumayma el-KhalilChorus : al-MayadineRecording : by Pass Studios, Beirut, LebanonMastering : Sunrise Sound Studios, Houston, TX, USAProducer : Nagam Records, Inc.1984Livret traduit de l’arabe (Palestine) par Etel Adnan
depuis vingt ans il pose des questionsdepuis vingt ans il voyagependant vingt ans sa mère l’a mis au mondeen quelques secondessous le bananieravant de se retirer …Il réclame une identité …il est frappé par un volcanles nuages ont voyagé et m’ont égaréles montagnes ont étendu leurs bras et m’ont cachéje suis Ahmad l’Arabe, a-t-il ditje suis la balle l’orange la mémoirej’ai trouvé mon âme près de mon âmeje me suis éloigné de la rosée et de la vue sur la meret moi le pays réincarnéje suis le départ continu vers le Paysj’ai trouvé mon âme remplie de mon âme …Ahmad a pris possession de ses côtes et de ses mainsLui le pas … et l’étoileet du Golfe à l’Océande l’Océan au Golfeils aiguisaient leurs lamesAhmad l’Arabeest monté pour voir Haïfaet sauter.A deux mains de pierre et de thymje dédie ce chant … à Ahmad l’oublié entre deux papillonsles nuages ont passé et m’ont égaréet les montagnes ont étendu leurs bras et m’ont cachéDescendant de la blessure ancienne… et l’année marquait la séparation de la merd’avec les villes de cendres …j’étais seulô seulEt Ahmad était l’exil de la mer entredeux coups de feule camp grandissait donnant naissance à du thymet à des combattantsle bras s’est raffermi dans l’oublila mémoire s’est exercée dans les trains qui s’en vontsur les quais où il n’y a ni personne ni jasminla découverte de soi se faisait dans les voituresou sur la scène de la merdans la solidarité des nuits de prisondans les courtes liaisonset dans la recherche de la véritéDans toute chose Ahmad trouvait son contraire …Ahmad est maintenant l’otagela ville s’est dépêchée au devant de ses ruespour venir le tueret de l’Océan au Golfeet du Golfe à l’Océanils préparaient ses funérailleset décidaient de la guillotineMoi Ahmad l’Arabe – que soit le Siège ! –mon corps sert de remparts – que soit le Siège ! –je suis la frontière du feu, – que soit le Siège ! –et moi je vous assiège à mon tour, je vous assiègeet ma poitrine servira de porte à tous – que soit le Siège ! –Ce chant ne vient pas peindre Ahmad –le bleu foncé dans la tranchéeje suis au-delà des souvenirsAujourd’hui est le jour du soleilet de lysô enfant éparpillé entre deux fenêtres qui brouillentmes messages,résiste !toute ressemblance est du sablemais toi tu es bleu.Je compte mes côtes :le Barada s’échappe de mes mainsles berges du Nil m’abandonnent au loinje cherche les limites de mes doigtset toutes les capitales sont faites d’écume.Ahmad frotte les heures dans la tranchéeCe chant ne vient pas peindre Ahmad – le – brûlé en bleuC’est Ahmad – le – cosmique dans ce réduit étroitle déchiré le rêveuril est la balle orange la violette de plombil est l’embrasement décisif d’un début d’après-midile jour de liberté.ô enfant dédié à la roséerésiste !ô pays gravé sur mon sangrésiste !maintenant je complète en toi mon chantje rejoins ton siègemaintenant je complète en toi ma questionje nais de ta poussièrevs dans mon cœurtu y trouveras mon peupledevenu peuples multiples dans ton explosion.Egaré dans les détailsje me suis fié à l’eau et me suis casséFaut-il que chaque fois qu’un coing soupirej'oublie les limites de mon cœuret me réfugie dans le siège pour affirmer mon identitéô Ahmad l’Arabe !L’amour ne m’a jamais mentipourtant chaque fois que le soir est venuje me suis retrouvé englouti dans une cloche lointaineje me suis réfugié dans ma propre hémorragiepour y définir à nouveau mon imageô Ahmad l’Arabe !je n’ai pas lavé mon sang dans le pain de l’ennemipourtant les routes proches lointainesont fui sous mes paschaque fois que j’ai apprivoisé une villeelle m’a jeté ma valise à la figureet je me suis réfugié sur le trottoir du rêve et de la poésieô combien ai-je marché vers mon rêvedevancé par des poignardsô rêve et ville de Rome !Tu es beau dans ton exilet assassiné à Romeet HaïfaAhmad est la montée du Carmell'origine de la rosée, le thym de chez soiet la maison.Ne le volez pas aux hirondellesne l’enlevez pas à la roséedes yeux ont écrit son oraison funèbreabandonnant mon cœur à l’échone le volez pas à l’éternitéet ne dispersez pas ses cendres sur la Croixil est la carte et le corpset le feu qui brûle les rossignolsne le volez pas aux pigeonsne l’envoyez pas au devoirne faîtes pas de son sang une décorationcar il est la violette sertie dans son propre velours… Avançant vers la guérison du rêveil voit des banalités prendre forme de poireles pays se détruire dans les bureauxet les chevaux se débarrasser de leurs valisestandis que transpirent les galets.J’embrasse le silence de ce selje rends le discours du citron au citronj’allume un cierge pour les fleurset pour le poisson séchéà partir de ma blessure ouverte,les galets ont une transpiration et des miroirsle bûcheron a un cœur de colombe.Je t’oublie parfois pour que m’oublientles agents de la sécuritéô ma femme si belle,toi qui coupes le cœur et l’oignon tendreet t’en vas auprès de la violettesouviens-toi de moi avant que je n’oublie mes mains.Sur le chemin de la guérison du rêveles chaises sont prises entre mes arbres et ton ombre …Ils s’abattent sur ta blessurecomme des mouches saisonnièreset y disparaissent comme des voyeurssouviens-toi de moi avant que je n’oublie mes mains !Mes efforts vont aux papillonsles rochers sont mes messages sur terre :Troie n’est pas mon lieuMassada n’est pas mon tempsje m’élève de la sécheresse du painet de l’eau réquisitionnéedu cheval perdu sur le chemin de l’aéroportet de l’air de la mer, je m’élèvedes éclats d’obus auxquels mon corps s’est accoutuméje m’élève des yeux de ceux qui arriventet des couchers de soleil sur la plaineje m’élève des caisses de légumeset de la force des choses, je m’élève …j’appartiens au ciel original et aux pauvres des ruellesqui chantentqui résistentet qui tiennentet qui tiennent
Le camp formait le corps d’AhmadDamas formait les paupières d’Ahmadle Héjaz formait l’ombre d’Ahmadle Siège est devenu le passage d’Ahmadau-dessus des cœurs de millions de prisonniersle Siège est devenu l’assaut d’Ahmadet la mer sa dernière balle !ô la taille du ventô la douce semaine !ô nom des yeux ô écho de marbreô Ahmad qui est né de la pierre et du thym !Tu diras : nontu diras : nonma peau est l’habit du paysan qui viendra des champs de tabac abolir les capitalestu dis : nonmon corps est le manifeste des ouvriers des industries légèresdes répétitions … et des épopées vers la conquête de l’étapeet tu dis : nonô corps marqué par les flancs des montagneset des soleils à venir !et du dis : nonô corps qui épouse les vagues au-dessus de la guillotineet tu dis : nonet tu dis : nonet tu dis : nontu meurs près de mon sang et revis dans la farinenous avons créé le jasminpour que le visage de la mort disparaisse de nos motsva loin dans les nuages et les plantationsil n’y a pas de temps pour l’exil et pour ce chant …jette-toi dans le courant de la mort qui nous entraînepour que nous tombions malades de la patrie simple etdu jasmin probableva vers ton sang qui est prêt à se répandreva vers mon sang unifié à ton siègeil n’y a pas de temps pour l’exil …ni pour les belles photos qu’on accrochesur les murs des avenuesni pour les funéraillesni les vœux