mercredi 21 décembre 2016

clinique polonais

et pourtant..
tu es passée maintes fois devant..
sans aucune émotion..
pourquoi ce jour ci;ton cœur a battu si fort quand tu es passée devant???
presque 40 ans après..
tu te souviens...
t'avais quel age???
18 ans...??
tu étais partie de ta petite ville
"la petite maison dans la prairie"
ou tout le monde "il est beau"
tout le monde "il est gentil"...
tu n'avais pour bagage que ta naïveté..
on t'a éduqué pour que tu sois une petite fille modèle..
tu vas dans la grande ville..
ou maintenant tu es libre..
ou du moins te semble-t-il..
aucune expérience..
tu passais devant tes colocataires pour une gourde..
et certaines croyaient que tu faisais semblant...
tu voulais sortir..
vivre..
toucher tout ce qu'on t 'a interdit jusqu'alors..
les garçons..
les sorties..
t'as eu une petite aventure..
tu ne savais même  pas
à ton age
ce que c'est qu'avoir un rapport
tout en étant encore vierge
t'es tombée enceinte..
et tu es retournée au bled
tu me l'as raconté
et bête comme je suis..
je t'ai conseillée d'aller à la pharmacie pour confirmation..
c'était sans compter avec "la petite maison dans la prairie"
la nouvelle se propagea..
ta mère s'est transformé en geôlière..
et t'as souffert le martyr..
entre jeunes
on a tenu conseil..
on a demandé
et on nous a dit
que dans cette clinique
on faisait des avortements..
on t'a emmené..
je me souviens..
t'es sortie à 6h du matin
pendant que ta famille dormait
on a pris le car..
et t'as avorté..
saignement..
on a été obligé de t'emmener à l’hôpital..
ou t as subi des interrogatoires
ou t'as été humiliée.
agressée..
on a appelé ta famille..
et il s'en ai fallu de peu ..
pour qu'on t’emmène en prison..
toi la petite innocente..
depuis..
on t'a enfermé chez toi
on t'a emprisonnée..
et des années plus tard..
on m'a dit que t'avais perdu la tete..
on n'avait pas le droit de te rendre visite..
ni de t’écrire..
et là
en passant devant cette clinique..
je pense à toi..
je pense à nous
et je pleure





mardi 20 décembre 2016

j'irai bien refaire le chemin à l'envers




c'est le refrain d'une chansonnette qui m'est revenu..
je le répétais sans arriver à me rappeler la chanson..
en refaisant le chemin que je parcourais
y a longtemps..
20 ans.30 ans..
je n'en sais rien..
mais je l'ai fait comme si c’était hier..
mes pieds m'emmenaient sans trop réfléchir..
Achbar...
cette pente..
ce cimetière..
ce 95 rue des crêtes..
cet épicier toujours à la même place..
cette ruelle sinueuse qui emmène à lfkhara..
là y a un changement notable..
de vrais artistes exposent..
fascinée par tant de talent..
sidi bou dhab.
l'ancienne ville..
ou les ruelles sont mieux tenues..
du moins mieux que dans mes souvenirs..
zan9ate rabat par contre
n'a pas changé
on y remarque plus de sans abris..
la place qui donne directement sur la mer....
et je remonte ces marches..
là c'est la jardin alqods..
et là ..
c'est la maison des arts..
beaucoup d'activités me dit-on
dont on n'entend pas parler...
SAfi..
cette ville historique..
cette ville qu'on gagnerait à connaitre
cette ville délaissée..
cette ville dont le potentiel humain..
pourtant si créatif .
cette ville/résistance..
cette ville que j'aime tant





lundi 5 décembre 2016

et je l'ai retrouvée..sa tombe

il pleut des averses..
je suis dans le cimetière laalou..
20 pas m'a dit 3ammi mhammed à compter à partir de la porte principale;puis tourner à gauche..
c'est là semble-t-il que je devrais trouver la tombe de Rachida..
je compte 20 pas ;j en ajoute un ;imaginant que ses pas sont plus longs que les miens..
je regarde les épitaphes..
pas de Rachida..
des tombes..
y en a ..
des somptueuses..
des moins ornées..
je regarde les noms..
des femmes et des hommes..
des enfants..
je me mets à essayer d'imaginer leurs vies..
comment ont-ils vécu..??,
je suis seule au cimetière ou il pleut toujours..
un étrange calme envahit..
je parle à haute voix..
j'appelle Rachida..
"finek .."
bien sur personne ne me répond..
je me souviens qu'on m'a dit
que sa tombe donne sur la mer..
cette mer qu'elle aimait tant..
je sors et je cherche une autre porte..
des portes..
y en a 4..
je refais la même chose 4 fois..
niet..
pas de Rachida dans les parages..
je demande au gardien des voitures..
il m'indique une autre porte..
donnant directement sur l'ancienne  prison laalou..
dés que je franchis cette porte..
je sens qu'elle ne peut être que là..
de là..
on voit la mer..
on la voit presque touchant le ciel très gris..
et c'est si beau
que j'en pleure..
je cherche..
lasse je demande à un fossoyeur..
il m’envoie à la direction..
façon de parler..
c'est un bureau plutôt un débarras..
ou tout est pele mêle..
les archives..
parlons en .
des cahiers déchirés..
il me demande la date du décès de ma cousine..
1999 luis dis-je et mes larmes coulèrent de plus belle..
il a cru que je venais de l'étranger..
et donc attendait que je lui graisse la patte..
-moi j'avais juste honte..
elle était là à Rabat..
loin des siens..
et je n'ai jamais pensé à elle..
elle est morte à RAbat
et je ne suis pas allée la voir..
pourtant;je l'aimais bien..
on ne peut pas ne pas l'aimer d'ailleurs..
cette femme qui a vécu sur les pointes de pied..
pour ne déranger personne..
comme si elle s’excusait tout le temps d’être là..
cette femme plus légère  qu'une brise..-
je lui ai filé quelques billets..
et oui je l'ai fait..
moi qui ne le fait jamais..
et surtout à ce genre de vampire
qui profite de la détresse et du chagrin des autres..
je l'ai fait.
car je voulais voir sa dernière demeure..
je voulais lui dire tout mon amour..
bien sur trop tard..
comme toujours..
mais j'ai eu besoin de le faire..
je ne vois qu'elle depuis que Nanna est partie..
je sais..
elle ne m'entend pas..
mais je lui ai parlé..
je lui ai même chanté sa chanson qu'elle me dédiait
quand c’était le temps ou tout ne me paraissait qu'amour dans la vie..
j'ai arrêté quand j'ai vu que les fossoyeurs ont arrête leurs besognes et me regardait..
ils devaient penser que je suis folle..
je dois l’être un peu..
mais je reviendrai..






cette obsession qui s'appelle Rachida

depuis presque un mois..
depuis la mort de Nanna..
c'est elle que je vois..
quand je dors..
quand je somnole..
Rachida..
cette cousine..
partie si tôt..
cette cousine dont la vie
est digne de grands romans latino-americains..
cette cousine..
qui vécut étrangère..
et mourut etrangere..
elle m’obsède..
au point de suivre à la loupe
ce petit tronçon qui fut sa vie..
je cherche à entrer en contact avec ceux qui l'ont connue..
je cherche à connaitre son histoire..
et en cherchant je tombe
sur une histoire émouvante
de cette famille..
celle de ma mère..
la mienne..
ces mauresques.
expulsés d’Espagne...
leur dispersion..
à travers le pays..
ça m’envoûte..
j'aimerais avoir un jour..
la force..
la possibilité..
les moyens d'en parler