regarde cette porte verte..
elle me hante..
pourtant ça fait presque 10 ans...
que j'y suis venue..
j 'avais 26 ans...
je sortais d'un divorce et de beaucoup de désillusions concernant mes choix...
nihiliste ..oui je le suis devenue..
je faisais celle qui s'en foutait de l'avis des autres...
et pourtant leurs regards inquisiteurs me perturbaient au fond..
tout le monde à l’époque avait décidé que j’étais la méchante dans mon couple..
que j'avais l'art de gâcher ma vie..
qu'en divorçant je perdais un train de vie que je ne pourrais avoir de nouveau..
que j’étais:
irresponsable...
instable..
égoïste...
et à force de l'entendre..
de la bouche de mes proches..
j'ai fini par y croire..
je me sentais mal..
je buvais..
prenait des calmants..
changeait souvent d'amants..
bref..
la totale..
et plus je me sentais mal..
plus je m'enfonçais..
comme si j'avais un plaisir malsain de me faire mal..
mon entourage..
parlons en..
j'avais l'impression que ça les gênait de me rencontrer...
pourtant je sortais
et j'avais un réel plaisir en les voyant embarrasses
je faisais exprès de parler de mes frasques à haute voix quand je les rencontrais..
je tombai enceinte..
je ne fis rien pour avorter..
j'ai laissé le fœtus pousser..
jusqu'à 8 mois..
et je faisais exprès d'aller voir mes copains de la haute avec mon gros ventre..
je n'ai jamais compris pourquoi je faisais ça..
puis j'ai décidé d’arrêter
je ne pouvais pas avoir d'enfant
je ne travaille pas..
suis allée voir un médecin..
après les quelques phrases de morale
qu'il a débité rapidement..
il me proposa un prix exorbitant..
incroyable..
je suis allée demander comment fait'on pour avorter/tuer un enfant de 8 mois..
j'en ai bu des plantes amères
puis on m'a indiqué l'adresse d'une sage femme..
porte verte..
femme voilée..
après avoir encaissé
une somme assez rondelette
j'habitai chez elle pendant 3 jours
je ne sais pas ce qu'elle m'administrait
je ne cherchai pas à savoir..
ma fièvre monta si fort
qu'elle me demanda de sortir de chez elle::
qu'elle ne voulait pas courir le risque que je meurs chez elle...
pas le risque que je meure..
mais juste que je ne le fasse pas chez elle..
je me sentais comme une loque
au fait j'étais une loque..
l'enfant décida de tomber..
un garçon..
tout bleu..
une grande hémorragie..
je n'avais qu'n désir:mourir
jusqu'à présent je ne faisais mal qu'à moi même..
là j'ai franchi l'infranchissable..
je me suis retrouvée à l’hôpital..
jusqu'à présent je ne sais comment..
et depuis je suis vide..
j'avais juste envie de t'en parler
je n’arrête pas d'en parler..
à tous ceux que je rencontre..
non ce n'est pas l’aumône que je veux
juste qu'on m’écoute et qu'on me dise que je peux être pardonnée pour ce que j'ai fait.."
elle s'en alla
me plantant devant cette porte verte..
gardant dans mon cœur son regard hébété
et les cicatrices qui jalonnent son visage..
elle était si belle pourtant
gardant dans mon cœur son regard hébété
et les cicatrices qui jalonnent son visage..
elle était si belle pourtant
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